Education nationale, un monde divisé en castes ?

Liberté...

Alors que je m’étonnais récemment de la réaction hostile de certains collègues du secondaire à ma demande d’équité en matière de primes et de salaires une consœur professeur des écoles m’a répondu : « Beaucoup de professeurs du secondaire construisent leur identité professionnelle par opposition aux professeurs des écoles ».

 Quelques semaines auparavant, Daniel Robin, co-secrétaire général du Snes (Syndicat national des enseignements du second degré), principal syndicat du secondaire justifiait son refus absolu de la bivalence par ces propos : « Autre piste évoquée pour améliorer l’efficacité des enseignants : la bivalence. Nous sommes contre. La bivalence ne résout rien. J’en veux pour preuve ce qui se passe à l’école primaire. Elle produit 15% à 20% d’élèves incapables de suivre au collège, et pourtant, les professeurs des écoles sont plus que bivalents, ils enseignent toutes les matières ». Au delà du fait que cela évite aux enseignants du collège de se poser des questions sur leurs propres pratiques et leur part de responsabilité dans l’échec de ces 20% d’élèves incapables de suivre au collège. Le mépris affiché pour les enseignants du 1er degré est-il le reflet d’un fonctionnement plus général à l’Éducation Nationale où chacun stigmatise l’échelon précédent ?

 Car ce mépris et ce fonctionnement de castes semble se pratiquer du supposé bas de l’échelle jusqu’au supposé plus haut sommet.

 Si une partie des professeurs du collège méprise le travail des professeurs des écoles, il en va de même pour ceux des filières générales vis à vis des filières professionnelles, le lycée par rapport au collège, l’université par rapport au lycée, voire l’élémentaire par rapport à la maternelle …

Moi qui pensais faire partie de la même et grande famille Éducation Nationale… Quelle naïveté !

 Mais pourquoi ce fonctionnement féodal est-il toujours en vigueur ? Stratégie politique du  « diviser pour mieux régner » ?

 Le haut de la pyramide en la personne du ministre illustre parfaitement cette conception du monde. Vincent Peillon (agrégé de philosophie), réforme les rythmes scolaires ou les programmes du primaire sans prendre la peine de consulter les enseignants du 1er degré. Les collectivités et les Dasen décident seuls pour la mise en place des nouveaux rythmes. Les enseignants de terrain n’ont aucune légitimité pour les décideurs et personne n’envisage un instant de demander leur expertise. Comment la base pourrait-elle proposer quelque chose de pertinent au sommet ? Cela est purement inconcevable !

Le Sénat a décidé, le 22 mai dernier, d’imposer la devise de la République « liberté, égalité, fraternité » au fronton des écoles, collèges et lycées. Au delà du geste symbolique,  il est urgent de mettre ces valeurs républicaines au goût du jour au sein même de l’Éducation Nationale pour les élèves mais aussi pour les enseignants.

Sinon Monsieur le ministre, les « intouchables » des écoles, qui se sentent floués, harcelés, discrédités, stigmatisés, humiliés … depuis de nombreuses années, risquent bien un jour prochain de se révolter ou pire encore, se résigner, se désinvestir.

 

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